Taupe d’Europe

Données

  • Nom commun : Taupe d’Europe
  • Nom latin : Talpa europaea
  • Ordre : Eulipotyphles
  • Fun fact : Extrêmement bénéfique pour la biodiversité.
    Originaire d’Asie à la base.
    La femelle est hermaphrodite.
    Carnivore : mange à 90% des vers de terre.
    Une espèce ingénieur : qui facilite la vie de beaucoup d’autres espèces. : Ses activités de fouissement en font une espèce ingénieur qui modifie fortement son environnement en aérant le sol et en remontant à la surface les éléments profonds. Par ses taupinières et ses galeries, elle facilite la vie de nombreuses plantes et favorise le développement de nombreux animaux comme des papillons de jour, d’autres micromammifères et des batraciens, mais également de quelques champignons.
    À l’instar des Pics, la Taupe d’Europe agit ainsi en espèce facilitatrice et augmente l’hétérogénéité et donc la biodiversité de la prairie ainsi que sa productivité.

    Elle entend parfaitement, l’absence de pavillon étant palliée par la réverbération des sons dans les galeries. Ce prédateur est doté d’un odorat très puissant, capable de repérer un ver de terre ou une cochenille dans dix centimètres de terre. Elle possède les poumons les plus volumineux, proportionnellement, de tous les micromammifères et une quantité totale de sang par unité de poids deux fois plus importante. Lors de ses déplacement dans les tunnels, la taupe positionne sa queue perpendiculairement au corps, à l’instar d’un pantographe touchant le plafond, afin de s’en servir de guide comme une canne d’aveugle ; chaque détail ressenti étant un point de repère lui permettant de cartographier son labyrinthe.
    Elle n’est pas hémophile.

    Dans les sols plus pauvres, l’animal doit creuser davantage que dans les sols plus riches. Les taupinières visibles de l’extérieur ne reflètent ainsi pas la densité d’une population, mais plutôt la qualité du sol.
    En une nuit, un animal peut creuser environ 30 m de tunnels dans un sol meuble. Le pic d’activité de creusement est généralement atteint au printemps et en automne.

    Les déplacements de la taupe au sein du réseau sont en partie liés aux migrations journalières des vers de terre : ils se rapprochent de la surface aux heures fraîches et durant les pluies et descendent dans les couches plus profondes aux heures chaudes et durant les jours à fort ensoleillement.

    Elle n’hiberne pas mais fait des stocks de vers de terre : En préparation des mois estivaux et hivernaux de disette, la taupe fait des réserves de plusieurs centaines de vers de terre qu’elle paralyse en les mordant au niveau d’un anneau situé derrière leur tête, pouvant ainsi les stocker vivants dans la galerie, dans des culs de sac, de petites dérivations ou plus rarement dans des chambres spécialement dédiées. Certains garde-mangers peuvent contenir jusqu’à 800 vers de terre d’un poids total de 1,5 kg, ce qui correspond à une quantité de nourriture pour plus de trois semaines.

    Une taupe adulte mange plus de la moitié de son poids en une journée. Sa petite réserve de graisse lui permet de tenir une journée et demie de jeûne. Une taupe mâle de 110 g a besoin de 75 à 90 g de nourriture par jour, tandis qu’une femelle de 85 g a besoin de 70 à 90 g. En proportion, le mâle absorbe ainsi chaque jour environ 75 % de son propre poids en nourriture, la femelle environ 90 %.

    Durant cette dernière phase, les vibrations propagées dans la terre poussent les vers à remonter à la surface pour se réfugier, ce qui est une aubaine pour certains oiseaux comme les merles et les grives qui savent reconnaître de l’extérieur les activités souterraines de la taupe.

    Lors du rut, qui a lieu de la fin de l’hiver au tout début du printemps, le mâle se met en quête d’une femelle en creusant une galerie en ligne droite dans le sol ou juste sous la surface ; un phénomène visible de l’extérieur par l’alignement rectiligne des taupinières.

    Espèces bio indicatrice de la qualité de sols qu’elle améliore : Les taupes se nourrissent quasi-exclusivement de vers de terre. Or, ceux-ci se trouvent parmi les premiers êtres vivants à être menacés par les polluants du sol auxquels ils sont très sensibles à cause de leur localisation dans les couches supérieures et de leur régime alimentaire. Vivant assez longtemps pour accumuler ces produits qui leur sont néfastes, les taupes sont des bioindicatrices particulièrement fiables de la qualité des sols.

  • Répartition : Présente dans les climats tempérés d’Europe, jusqu’en Sibérie occidentale, la Taupe d’Europe fréquente des habitats variés.
  • Type de végétation associée : Ce terrain vierge qu’est la taupinière fraîche est successivement colonisé par des plantes proches à rhizomes comme l’Achillée millefeuille, à stolons comme la Véronique à feuilles de serpolet ou à tiges couchées enracinables notamment des graminées comme l’Agrostide stolonifère, la Houlque laineuse et le Vulpin des prés. Certaines vivaces recouvertes par la terre comme les pissenlits, parviennent à percer la taupinière. Puis viennent des plantes annuelles issues de la banque de graines du sol ou non comme la Capselle bourse-à-pasteur, la Drave printanière et la Véronique des champs. Enfin s’installent des plantes bisannuelles et des vivaces comme le Trèfle blanc, le Séneçon jacobée et la Centaurée jacée. Le transport des semences peut être assuré par le vent et le bétail mais aussi par les fourmis qui y sélectionnent des plantes à élaïosomes comme le Myosotis bicolore et peuvent s’y installer. Le facteur discriminant semble être l’humidité relative de la taupinière ; ainsi le Plantain lancéolé s’installe plutôt sur les taupinières sèches alors que Lychnis fleur de coucou préfère les plus humides. Cette succession végétale évolue généralement pendant deux années jusqu’à retrouver à peu près son stade initial.

    Par son fouissement, la Taupe d’Europe facilite également le développement de certains champignons comme la Morille commune (Morchella vulgaris). Plus précisément, toutes les parties du Frêne élevé contiennent un dérivé du glucose, le mannitol, auquel la Morille commune est associée. Lors de son passage, la taupe qui transporte des conidies du champignon à son insu les dépose sur les racines du frêne qui suintent facilement lorsqu’elles sont altérées, ce qui permet sa multiplication asexuée. Les galeries peuvent également servir au mycélium primaire à se déplacer rapidement d’une racine à une autre. Les fructifications des morilles sont généralement visibles sur les taupinières datant de quelques semaines, voire sur celles de l’automne précédent. Le Frêne élevé, la Morille commune et la Taupe d’Europe apprécient tous les trois les sols calcaires meubles et bien drainés et leurs aires de répartitions de l’Espagne à la Sibérie se superposent parfaitement. L’Hébélome radicant est également une espèce de champignons liée à la Taupe d’Europe car il se développe exclusivement dans les anciennes latrines des terriers de micromammifères tout en étant en association avec les arbres feuillus qui l’entourent

  • Statut de protection :
    Invasive
  • Protection détails : Nuisible.
  • Refuge spécialisé :
    Place au jardin pour la taupe
  • Taille : L’adulte mesure, sans la queue, de 11 à 16 cm et pèse de 70 à 130 g.
  • Caractéristiques Générales : La Taupe d’Europe (Talpa europaea) est une espèce de petits mammifères fouisseurs de la famille des Talpidés. Cet animal vit sous terre, s’y nourrissant de vers de terre en creusant des tunnels et terriers dans les sols meubles. Il s’agit d’un animal au corps cylindrique s’achevant par une queue courte, au cou peu marqué, aux « mains » caractéristiques, développées en forme de pelle et armées de griffes. À ceux-ci s’ajoute un os sésamoïde en forme de faucille. Ce « faux pouce » n’est pas un doigt supplémentaire mais provient du développement d’un os du poignet. Le museau allongé est surmonté d’yeux minuscules et peu fonctionnels. Les oreilles sont dépourvues de pavillons. La femelle présente quatre paires de mamelles. Sa fourrure, dense et brillante, de couleur gris foncé à noir sur le dessus du corps, plus claire en dessous, est constituée de poils implantés perpendiculairement à la peau. Le museau pointu, terminé par un boutoir soutenu par un os spécial, est un organe tactile et fragile.
  • Mâle : Les mâles sont entre 26 et 33 % plus grands que les femelles.
  • Femelle : La femelle étant un peu plus petite et légère que le mâle.
  • Comportements :

    D’une nature solitaire et très peu sociable, voire agressive, elle ne rencontre ses congénères que lors de la reproduction, période durant laquelle la femelle hermaphrodite prend des attributs maternels plus marqués.

     

    La Taupe d’Europe voit mal les formes, mais discerne assez bien l’alternance d’ombre et de lumière, ainsi que les mouvements. Cette caractéristique la rend vulnérable en surface, mais pas en sous-sol, et contredit l’expression « myope comme une taupe » ; une expression qui correspondrait mieux à la Taupe aveugle. Elle entend parfaitement, l’absence de pavillon étant palliée par la réverbération des sons dans les galeries. Ce prédateur est doté d’un odorat très puissant, capable de repérer un ver de terre ou une cochenille dans dix centimètres de terre. Son sens tactile est très développé, grâce à ses vibrisses présentes sur le museau, mais aussi sur les pattes antérieures et la queue, ainsi que par des papilles spécialisées à l’extrémité du museau. Ce système sensoriel spécifique, encore plus développé chez les Condylures, est nommé organe d’Eimer, en l’honneur du zoologiste allemand Eimer, qui l’a isolé chez la Taupe d’Europe pour la première fois en 1871.

     

    Comme les mammifères et les humains vivant à haute altitude, la Taupe d’Europe a développé des mécanismes respiratoires lui permettant de supporter un milieu confiné, à l’atmosphère chargée en dioxyde de carbone et en humidité et faible en oxygène. Elle possède les poumonsles plus volumineux, proportionnellement, de tous les micromammifères et une quantité totale de sang par unité de poids deux fois plus importante. Ce sang présente une concentration très prononcée en oxygène, un taux d’hémoglobine élevé et des globules rougescomparables en nombre à ceux du Hérisson, mais de poids et de volume beaucoup plus importants. Enfin, son hémoglobine permet de fixer un grand nombre de molécules de dioxyde de carbone, un mécanisme d’adaptation à l’hypercapnie provoquée par la vie souterraine

    La taupe a la réputation d’être hémophile, c’est-à-dire qu’une fois blessée, son sang ne coagulerait pas rendant sa mort inévitable. Ceci explique pourquoi certains jardiniers déposent encore des matériaux coupants dans les galeries, mais aucune preuve scientifique ne vient étayer cette légende, dont l’origine pourrait être l’observation d’hématomes chargés de sang sur des animaux morts après un combat entre mâles.

     

    Lors de ses déplacement dans les tunnels, la taupe positionne sa queue perpendiculairement au corps, à l’instar d’un pantographe touchant le plafond, afin de s’en servir de guide comme une canne d’aveugle ; chaque détail ressenti étant un point de repère lui permettant de cartographier son labyrinthe.

  • Migrateur :
    Non
  • Hibernation à l’état adulte :
    Non
  • Horaire d’activité :
    Diurne
    Nocturne
  • Activité : Comme de nombreux autres micromammifères vivant sous terre, la Taupe d’Europe n’a pas de rythme jour/nuit très marqué. Son activité est divisée en trois phases de veille-sommeil successives de huit heures : les phases de veille, d’une durée d’environ quatre heures chacune, étant généralement le matin, l’après-midi et vers minuit et les phases de sommeil étant intercalées et d’une durée équivalente. Durant une journée printanière de 24 h, l’animal passe la moitié de son temps au repos dans son nid, son sommeil étant particulièrement profond. La phase active est remplie par des activités de déplacement et de recherche de nourriture à plus d’un tiers du temps et de creusement à moins d’un quart du temps.

    Les seules exceptions à ce rythme journalier sont chez le mâle pendant le rut : il parcourt de longues distances à la recherche de femelles en creusant de nouveaux tunnels de surface. Il ne présente alors que deux périodes d’activité par jour, au lieu des trois habituelles. Quant à la femelle, elle maintient ces trois périodes d’activité par jour tout au long de l’année, sauf pendant la lactation, où elle retourne au nid 4 à 5 fois par jour, pour allaiter ses petits64.
    La Taupe d’Europe n’hiberne pas et reste active pendant les périodes les plus froides de l’année. De plus, elle n’accumule aucune réserve de graisse, mais amasse des stocks de vers de terre. Lorsqu’il gèle plus fort, elle déplace ses activités vers des couches de sol plus profondes. C’est également le cas en été où l’estivation est une période disette qui peut pousser la taupe à rechercher de quoi s’alimenter en surface et y parcourir de grandes distances

    La longévité de l’animal est limitée à cinq ans au maximum, à cause de l’usure de sa denture par la terre.

  • Taille du territoire : Son territoire de chasse varie généralement de 600 à 900 m2. Selon des études menées sur des animaux en Écosse, le mâle et la femelle occupent en moyenne un territoire de 2 000 m2. Une superficie minimale d’environ 10 ha est nécessaire pour son implantation durable, la densité de sa population variant de 0,2 à 8,5 individus par hectare.
  • Saison d’observation :
  • Abri naturel : Adaptée à la vie en milieu extrême, elle évolue dans un réseau de galeries souterraines sombre et pauvre en oxygène, d’une longueur de 100 à 200 m, généralement situé à moins de 15 cm de profondeur, mais pouvant s’enfoncer jusqu’à 150 cm. Une partie de ce réseau est quasi permanente et empruntée par des générations successives de taupes. Lorsqu’elle creuse ses galeries de chasse, la taupe évacue les déblais sous forme de taupinières par une cheminée verticale. Ce réseau comprend un gîte garni de feuilles sèches, situé au carrefour de plusieurs galeries, ainsi que des chambres secondaires, garnies de réserves alimentaires en prévision des mois de disette des étés secs ou des hivers froids.
    Le diamètre moyen des tunnels est de 5 cm, ce qui correspond à la largeur du corps de l’animal ; ceux du mâle mesurant plutôt 6 à 7 cm et ceux de la femelle 4 cm.

    Taupinière forteresse :
    Des taupinières extrêmement grandes constituent une particularité nommée « taupinière forteresse », « taupinière donjon », ou encore « château des marécages », l’ensemble étant construit pour assurer une bonne isolation thermique au nid. Elles se forment dans des terrains marécageux, exposés aux inondations ou à l’inverse trop rocailleux, deux types de sols ayant pour point commun de ne pas pouvoir être creusés profondément. Ces monuments atteignent généralement 1,50 m de diamètre pour une hauteur de 70 cm, le tout constitué de 50 kg de terre ; le record étant 2,40 m de diamètre pour une hauteur de 90 cm. À l’intérieur, il existe un système de longues galeries en colimaçon comportant au centre une ou plusieurs chambres de nidification. Un tel tumulus représente plus de 70 journées de travail.

  • Habitats : Elle se plaît notamment dans les prairies et les forêts de feuillus à sol meuble et peu acide, et dans une moindre mesure dans les forêts de conifères et les terrains acides ou fortement sablonneux et marécageux.

    Ses biotopes primaires sont les forêts mixtes et de feuillus, ainsi que les pelouses situées aux altitudes comprises entre le niveau de la mer et 2 400 m environ. Ses biotopes secondaires sont les prairies, les pâturages et les terres cultivées. Elle colonise également les jardins et les parcs des zones urbaines, mais ces habitats morcelés sont souvent délimités par des barrières infranchissables. Cette espèce se trouve rarement dans les forêts de conifères et dans les habitats avec un sol sableux, pierreux ou gorgé d’eau en permanence. De même que les vers de terre, elle évite généralement les sols acides, dont la valeur limite est un pH de 4,5. Sa densité diminue aussi dans les régions agricoles fortement industrialisées où la pollution, parfois importante, abaisse la qualité des sols.

    En cas de necessité, la taupe s’avère être une bonne nageuse.

  • Nourriture : Strictement carnivore, la taupe a des besoins alimentaires élevés et consomme plus de la moitié de son poids en nourriture par jour, dont 90 % est constitué de vers de terre. Son ouïe fine, son sens tactile prononcé et son odorat très développé pallient une vue déficiente et facilitent la détection de ses proies à travers les couches de terre.

    Trois méthodes de chasse sont pratiquées : un déplacement rapide à la vitesse d’un mètre par seconde en avalant tout ce qui est tombé dans la galerie et mobile ; un déplacement à faible allure en se fiant à son ouïe et son odorat pour repérer les vers de terre proches des parois et les tirer à elle ; un creusement de nouvelles galeries qui permet de découvrir de nouveaux territoires de chasse. Durant cette dernière phase, les vibrations propagées dans la terre poussent les vers à remonter à la surface pour se réfugier, ce qui est une aubaine pour certains oiseaux comme les merles et les grives qui savent reconnaître de l’extérieur les activités souterraines de la taupe. Imiter ces vibrations pour récolter des vers est une astuce que quelques pêcheurs connaissent également.

    Pour consommer un ver de terre, la taupe le passe entre ses doigts, le compresse pour lui retirer la terre de son estomac, puis commence à le manger par la tête, l’avale en arrachant successivement des tronçons sans les mâcher et enfin se nettoie la fourrure du mucus rejeté par sa proie. Cette action dure généralement moins d’une dizaine de secondes

    Outre les vers de terre, divers animaux du sous-sol font également partie de ses repas, à savoir des cochenilles, des mille-pattes, des diplopodes et des larves et nymphes d’insectes fouisseurs notamment de coléoptères comme celles de Hannetons, de Taupins et de Carabes, de diptères comme celles de Dolichopodidae, de Tipulidae, d’Empididae, de Sciaridae et de Bibionidae, et également des larves et chrysalides de lépidoptères comme celles de la famille des Noctuidae. S’y ajoutent des fourmis, des perce-oreilles, des escargots, des limaces et leurs œufs, des sangsues, des araignées et des puces. La Taupe est ainsi un carnivore strict, contrairement au Campagnol terrestre qui est herbivore.

    En préparation des mois estivaux et hivernaux de disette, la taupe fait des réserves de plusieurs centaines de vers de terre qu’elle paralyse en les mordant au niveau d’un anneau situé derrière leur tête, pouvant ainsi les stocker vivants dans la galerie, dans des culs de sac, de petites dérivations ou plus rarement dans des chambres spécialement dédiées. Certains garde-mangers peuvent contenir jusqu’à 800 vers de terre d’un poids total de 1,5 kg, ce qui correspond à une quantité de nourriture pour plus de trois semaines.

  • Date de reproduction :
    Février
    Mars
    Avril
  • Type de reproduction : Lors du rut, qui a lieu de la fin de l’hiver au tout début du printemps, le mâle se met en quête d’une femelle en creusant une galerie en ligne droite dans le sol ou juste sous la surface ; un phénomène visible de l’extérieur par l’alignement rectiligne des taupinières. Parfois, ce déplacement s’effectue à ciel ouvert créant ainsi un petit sentier nommé par les naturalistes « traces d’amour » ou « parcours de rut ». Ce déplacement peut mener à de grandes migrations, ce qui distingue la Taupe d’Europe de la Taupe romaine, où les mâles copulent principalement avec les femelles voisines. Lors de cette phase sexuellement active, les testicules des mâles augmentent considérablement, passant d’une moyenne de 120 mg à 300 mg. La teneur en testostérone augmente également et reste à un niveau plus élevé après la phase de reproduction printanière jusqu’à la deuxième période d’accouplement si elle échet. Le mâle de la taupe parvient à détecter les chaleurs des femelles à travers la couche de terre. Néanmoins, celles-ci ne durant au maximum que 20 à 30 heures, il n’est pas rare qu’il soit éconduit. Parfois, deux mâles s’affrontent violemment en se mordant et en se frappant de leurs pattes avant, tout en émettant des sons stridents.

    Les organes sexuels des femelles sont une caractéristique frappante de plusieurs espèces du genre Talpa dont Talpa europaea et exceptionnelle chez les mammifères. En effet, elles sont hermaphrodites : leurs ovaires gonflent pendant la phase de reproduction printanière alors qu’en période d’inactivité sexuelle automnale, la proportion des testicules augmente considérablement en simultané avec le taux de testostérone, sans pour autant produire de spermatozoïdes : ce sont des ovotestis. En corrélation avec cette situation gonadique particulière, la taupe femelle présente un clitoris pénien traversé par un canal urétral, à l’instar des Hyènes. Chez le mâle, le développement des testicules est inversé : ils se développent au printemps et régressent en automne.

    La reproduction donne lieu en général à une seule portée par an au printemps, de deux à sept petits et souvent de trois à cinq. Une seconde portée peut se mettre en place en fin d’été ou en automne, surtout dans le sud de l’aire de répartition. La gestation dure environ quatre semaines et l’allaitement environ six semaines. Pendant cette période, la femelle mange nettement plus de nourriture, mais contrairement aux musaraignes, elle n’augmente pas la taille de son territoire, la zone maintenue le reste de l’année semblant suffire pour faire face aux demandes énergétiques accrues de la lactation. À la naissance, les petits, nus et aveugles, pèsent entre 3,2 et 3,5 g et mesurent environ 4 cm de long. Leur couleur extérieure passe du rouge vif, au rose, puis au gris bleu pour enfin être noir d’encre. À trois semaines, les yeux s’ouvrent et les jeunes mesurent alors en moyenne 12 cm de long et leur pelage s’est développé. À l’âge d’un mois, les jeunes explorent les galeries en suivant leur mère et, à l’âge de six semaines, au début de l’été, ils quittent définitivement le nid maternel pour chercher un nouveau territoire. Se déplaçant souvent en surface, ils sont des proies faciles pour leurs prédateurs, leur mortalité étant alors relativement élevée. Lors de leurs explorations, ils tombent fréquemment sur des réseaux de galeries habités par des congénères, ce qui donne lieu à de violents affrontements. Leur maturité sexuelle n’est effective que l’année suivante où il ne restera qu’un quart à un tiers de la population initiale

  • Nid : La chambre de nidification est sphérique, élargie d’un diamètre de 16 à 20 cm, rembourrée de végétaux secs tels que des feuilles et de l’herbe, mais aussi de poils, de plumes, de papier journal ou d’emballages en plastique. Il y règne généralement une température constante de plus de 20 °C, ce qui offre des conditions optimales pour le repos. La plupart du temps, un seul nid est créé, parfois plusieurs. De même, des chambres spécifiquement dédiées aux déjections et au stock de vers de terre sont aménagées. Les galeries proches de la surface et celles plus profondes sont reliées entre elles par un réseau de tunnels.
  • Besoin de déplacement : En période de reproduction, la mère creuse beaucoup plus, alors que le mâle se déplace plus. Pendant un cycle veille-sommeil de huit heures, un animal utilise environ un tiers de son système de galeries. Les distances ainsi parcourues varient de 25 à 200 m, mais les jeunes en recherche de leur propre territoire parcourent des distances nettement plus importantes, allant jusqu’à 750 m. Les déplacements de la taupe au sein du réseau sont en partie liés aux migrations journalières des vers de terre : ils se rapprochent de la surface aux heures fraîches et durant les pluies et descendent dans les couches plus profondes aux heures chaudes et durant les jours à fort ensoleillement.
  • Prédateur : Son plus grand risque d’être victime d’un prédateur survient lors de ses excursions à la surface, les jeunes inexpérimentés qui viennent de quitter le nid maternel étant les principaux concernés. Ses principaux prédateurs sont des rapaces comme la Chouette hulotte, la Chouette effraie et la Buse variable, des Corvidés et la Cigogne blanche, ainsi que certains mammifères carnivores comme les Mustélidés à l’instar de la Belette, de l’Hermine et de la Martre ou encore la Genette et le Chat forestier, ainsi que quelques serpents comme les vipères. À l’occasion, le Sanglier peut être également un prédateur. Le Renard roux tue souvent les taupes et les ramène à son terrier, mais les abandonne parfois sans les consommer, tout comme le chien et le chat domestique. Il semble que la taupe adulte émette une odeur pestilentielle et un goût répugnant, même pour ces prédateurs et qu’ils la délaissent s’ils ont le choix de proies plus douces.
  • Mesure de protection : considéré comme nuisible.
  • Indices de présence : Taupinière. Les taupinières correspondent à des points d’évacuation de la terre qui débouchent verticalement, contrairement à celles du Campagnol terrestre qui débouchent de biais.
    En l’espace d’une heure et demie, un seul individu peut créer jusqu’à quatre tumulus de ce type. Ce déroulé nécessite en partie un apprentissage, les jeunes taupes ayant tendance à créer un réseau incohérent et à percer la surface par mégarde.
    Enfin, la taupe ramène les matériaux d’excavation à la surface du sol, ce qui nécessite la création préalable d’une sortie verticale, appelée « cheminée », pouvant atteindre 1,5 m de long. En creusant, l’animal pousse dix à douze fois son propre poids de terre à travers les galeries et à la surface du sol, mais ce travail nécessite une force bien supérieure qu’à l’extérieur, à cause des frottements. En laboratoire, la taupe peut soulever d’une de ses pattes avant jusqu’à 3 kg, soit 25 fois son propre poids.

    L’intensité des activités de creusement dépend de la qualité du sol et de la quantité de proies. Dans les sols plus pauvres, l’animal doit creuser davantage que dans les sols plus riches. Les taupinières visibles de l’extérieur ne reflètent ainsi pas la densité d’une population, mais plutôt la qualité du sol. De plus, de petites taupinières rapprochées indiquent un travail du sol peu profond, alors que de grosses taupières espacées sont indicatrices d’un travail en profondeur. Selon les circonstances, il peut y avoir entre 4 000 et 20 000 taupinières sur un hectare de terrain, recouvrant de 4 à 11 % de la surface du sol et contenant entre 20 et 60 tonnes de terre. En une nuit, un animal peut creuser environ 30 m de tunnels dans un sol meuble. Le pic d’activité de creusement est généralement atteint au printemps et en automne, ce qui est en partie corrélé à l’humidité du sol ; en hiver, à cause du froid, et l’été, à cause de la sécheresse, la taupe devient plus discrète et les taupinières sont plus occasionnelle

  • Cause de leur déclin : D’un point de vue agricole, la présence de la taupe et de ses taupinières signifie souvent une diminution de la qualité et de la quantité du fourrage, et s’accompagne de problèmes techniques lors de la fauche, notamment la détérioration du matériel de coupe. En effet, la taupe favorise la propagation d’espèces de faible valeur fourragère et limite la surface herbeuse et le broutage du bétail.
    De plus, cette taupe est un précurseur aux pullulations de Campagnol terrestre, une espèce également impactante provoquant de graves dégâts dans les prairies des montagnes européennes.

    Gérer la surpopulation : Si toutefois la Taupe s’est implantée sur un espace vert non choisi, des techniques existent pour limiter les effets indésirables. Sur des petites surfaces comme un massif ou un potager, il est possible d’enterrer un grillage à mailles fines sur au moins 60 cm de profondeur autour de la zone. Ce grillage bloquera l’accès aux taupes mais également aux lapins ou campagnols tout en laissant circuler les lombrics et les autres micro-organismes. Il est très fortement déconseillé de détruire les taupes. Les galeries désormais vides pourraient attirer de nouveau une Taupe voisine. Et dans le pire des cas, ce sont les campagnols qui pourront y élire domicile et qui seront des hôtes beaucoup plus redoutables.

  • Photo juvénile :

  • Autres photos :
  • Programme de sciences participatives :
    Non
  • Allié du jardinier :
    Oui
  • Autres infos : Bénéfices multiples :

    La Taupe d’Europe a un impact très important sur les paysages locaux. Les géologues spécialisés en sédimentologie affirment qu’au cours des deux derniers millénaires, les taupes sont le principal agent de déplacement des sédiments dans les zones de l’hémisphère Nord peu soumises à l’érosion. En effet, par leurs activités de creusement, elles provoquent des changements dans la structure du sol en l’aérant et en remontant en surface les éléments profonds tout en améliorant la teneur en nitrates de la terre arable disponible. Il s’agit donc d’une espèce ingénieure.
    Ces modifications ont à leur tour un impact sur la communauté végétale et animale locale. La création de taupinières rompt avec la couverture végétale généralement uniforme dans les zones de prairies ouvertes, produisant ainsi des micro-habitats plus lumineux, plus chauds, plus secs et où la concurrence est momentanément absente. Cela favorise alors l’implantation d’espèces végétales distinctes du reste de la prairie, à la diversité inférieure, mais dont la présence serait autrement exclue par le couvert végétal. De plus, les abords immédiats des taupinières sont généralement délaissés par le bétail, ce qui permet une floraison plus abondante et la diffusion de graines. À l’instar des Pics, la Taupe d’Europe agit ainsi en espèce facilitatrice et augmente l’hétérogénéité et donc la biodiversité de la prairie ainsi que sa productivité.

    La présence de taupinières facilite également le développement de certains papillons de jour. Ainsi, les populations du Cuivré commun dont la chenille est tributaire du Rumex grande-oseille sont indirectement favorisées par la taupe car la plante prospère aux alentours des taupinières. Une relation similaire unifie la taupe avec l’Hespérie de la mauve et l’Aigremoine eupatoire. Les papillons adultes sont également favorisés par la présence de taupinières, notamment les mâles, car elles leur apportent des zones de régulation thermique, les solariums, ainsi que des postes d’observation pour surveiller leur territoire De la même façon, les ouvrières des fourmis rousses Formica exsecta recherchent, pour fonder de nouveaux nids, les taupinières les mieux exposées au soleil et les plus grandes

    Les nids de taupe sont des micro-habitats qui abritent une faune spécifique particulièrement riche et variée d’acariens commensaux, où la plupart des grands groupes taxonomiques se retrouvent. C’est notamment le cas de larges communautés de femelles parténogénétiques de Mésostigmates Uropodina et Gamasina ou encore de plusieurs familles de Sarcoptiformes. La chaîne alimentaire y est représentée dans son ensemble avec des détritivores, des fongivores et des carnivores. Le genre Phaulodiaspis y est particulièrement abondant et sa présence est positivement influencée par des nids d’herbes situés en profondeur. Leur dissémination s’effectue principalement par l’intermédiaire des jeunes taupes au moment où celles-ci s’en vont fonder leur propre nid.
    Les terriers abandonnés sont en outre réutilisés par de nombreux autres animaux. Ils s’y protègent de leurs prédateurs, y recherchent de la nourriture ou profitent des conditions climatiques particulières pour s’occuper de leur propre progéniture ou hiberner. Les espèces ainsi facilitées sont des micromammifères tels que la Musaraigne carrelet, la Musaraigne pygmée ou le Campagnol roussâtre tout comme des amphibiens tels que le Crapaud commun, le Crapaud vert, le Pélobate brun et la Grenouille des champs, de même que plusieurs centaines d’espèces d’arthropodes.
    Le Campagnol terrestre a également tendance à occuper les galeries creusées par la Taupe d’Europe, plutôt que de creuser les siennes. Par conséquent, la taupe a un effet sur la démographie du campagnol, facilitant l’établissement de nouvelles colonies et accélérant le processus de colonisation ; les populations de Talpa europaea atteignant leur maximum lorsque celles d’Arvicola terrestris sont dans leur phase de faible densité et vice versa.

  • Proximité :
    Citadin
    Rural
  • Document :